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Pourquoi je ne veux pas d'enfant

1 mai 2021

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27

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5 min

Eline

Par Eline

Pourquoi je ne veux pas d'enfant

TW : attention, si tu penses que tu peux être heurté-e par le sujet de la non-parentalité choisie (je pense notamment aux personnes qui ne peuvent pas avoir d’enfant mais qui en voudraient), ne lis peut-être pas cet article ❤️


Bon alors, gros sujet là ! 

Pour commencer, est-ce qu’on pourrait laisser les gens en paix quant à leurs décisions d’être ou de ne pas être des mères et des pères ? 😑 J’ai beaucoup de « chance » de ne pas subir de pression sociale sur cette question mais je sais que ce n’est pas le cas de tous-tes. 


Pour la mise en contexte : je suis une femme de 26 ans, en couple hétéro depuis 6 ans avec un homme merveilleux de 31 ans. On arrive donc dans un moment « normal », selon cette bonne vieille société, pour vouloir un enfant. Je n’ai rien contre les enfants, je ne les trouve pas plus mignons que la moyenne, pour moi ce sont des personnes : avec certaines, je me sens à l’aise, et avec d’autres non. Je trouve le sujet de la parentalité PASSIONNANT ! J’aime lire sur le sujet de l’éducation, j’aime apprendre sur la grossesse et l’accouchement, sans aucune aversion. 

Inconsciemment, je pense que j’attendais d’arriver à un certain âge pour en parler, pour avoir l’air plus crédible j’imagine… Mais voilà, je ne veux pas d’enfant. 

La réflexion s’est faîte en couple avec mon amoureux. On était plutôt « contre » sans avoir d’avis arrêté à la base. Et notre vraie volonté de rester sans enfant s’est forgée avec le temps, beaucoup de discussions et d’introspection. 

Nous avons déjà pensé à l’adoption par le passé par contre, mais cette option ne nous intéresse plus du tout pour la raison 1 que je vais t’exposer en-dessous et aussi car nous avons été sensibilisé-es aux problèmes que pose l’adoption, notamment les mécanismes colonialistes de l’adoption internationale mais c’est un autre sujet ;)  


Je vois 3 raisons principales pour lesquelles je ne veux pas d’enfant : 

  • Le quotidien : 

Même si la partie éducation m’intéresse, on va pas se mentir, ce n’est pas que ça le quotidien d’un parent. C’est aussi une charge mentale, des horaires parfois, un travail domestique supplémentaire… et c’est normal, c’est un humain à charge qui dépend de nous quand même ! Et cette partie là ne m’intéresse pas du tout. C’est un quotidien qui ne m’attire pas. Je dirais même que je ne vois pas l’interêt de changer autant ma vie. J’aime ma vie, ma liberté… c’est aussi simple que ça :) 

  • Le reste du monde : 

Je trouve aussi que le monde n’est pas assez bien pour mon enfant. Sans même parler spécifiquement d’écologie, on vit dans un monde bien compliqué ;) Partout dans le monde, des personnes subissent toutes formes d’oppressions, manquent de ressources vitales, sont stigmatisées… Même si mon enfant de privilégiée n’aura peut-être pas à confronter directement tout ça, ben c’est un monde dans lequel il est difficile de vivre heureux-se, de faire abstraction de ses dysfonctionnements. 

  • L’absence de consentement : 

Alors là, je sens que je vais te perdre ;) Ahah… J’avoue que cette raison là est beaucoup plus personnelle, c’est MON ressenti et je n’attends pas que tout le monde comprenne. 

Nous n’avons, tous-tes, jamais demandé à venir au monde. Et personnellement, je ne trouve pas que la vie soit un cadeau ou un miracle dont il faille forcément se réjouir. Ça dépend ça dépasse… Un être, avant d’être conçu, ne peut par définition pas donner son consentement à naître. Et je sais que la vie peut être dure. Même dans une vie heureuse, il y a un lot de souffrance, nous allons tous-tes connaître le deuil par exemple. Et c’est aussi possible d’être complètement inadapté-e à notre société, de ne jamais trouver sa place, de ne jamais être heureux-se ou simplement bien. Je ne peux pas savoir à l’avance si mon enfant aimera la vie. Et je ne souhaite pas décider de mettre au monde une personne qui connaîtra de grandes souffrances. Je ne trouve pas spécialement que la vie « en vaille la peine » toujours, pour tout le monde. 

En fait, je n’ai pas d’argument justifiant qu’un être ait plus d’intérêt à exister qu’à ne pas exister. 


Bon, après tout ça, je tiens à te rassurer : moi, ça va ;) ahah ! J’ai conscience que mes mots peuvent paraître sombres. Mais je ne le suis pas du tout. Dans ma tête, ces réflexions sont purement rationnelles, presque mathématiques. Je ne tiens pas à vivre le quotidien d’un parent + je ne trouve pas le monde assez bien + c’est fort possible que la personne mise au monde souffre = je n’aurais pas d’enfant. C’est tout :) 


J’en ai déjà parlé un petit peu mais je souhaitais apporter mon témoignage complet sur cette question. En fait, il y a quelques années je lisais beaucoup sur le sujet de la non-parentalité et j’ai aussi écouté beaucoup de podcasts là-dessus. Mais je n’ai jamais entendu un témoignage qui me parle vraiment ! 

Alors je me dis que je ne suis pas la seule et que mes raisons pourront faire écho avec d’autres personnes qui cherchent aussi à développer leur opinion sur la question ! 


Merci de m’avoir lue sur ce sujet si personnel. 

Pour plus de témoignages et de réflexion sur le sujet, je te conseille le compte instagram @jeneveuxpasdenfant ❤️

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27 commentaires

Aurélie
Aurélie

Ton 3e argument en particulier, je me suis fait exactement la meme remarque il y a peu et j’en ai conclu que les biens pensants qui se croient moins égoïstes que les nokids sont en fait les plus gros égoïstes de la terre. Je suis d’accord que la vie rapporte un gros lot de souffrance même si on essaie de faire au Max pour avoir une belle vie. Tes parents te balancent dans le monde en te mettant sur les épaules « si si tu vas voir ça sera beau la vie, faudra juste que tu te débrouilles pour bien gagner ta vie, éviter les relations toxiques et de te faire violer par les individus les plus tarés en liberté de la population, et si tu vis assez longtemps, beh ceux que tu aimes vont peut être mourir avant toi alors faudra te débrouiller pour faire ton deuil et vivre sans eux ». Parce que c’est ça le vrai revers de la vie. Et je trouve qu’il faut être dans un sacré déni pour prétendre qu’on est une sainte/un saint bienveillant d’altruisme parce qu’on décide de mettre au monde un enfant qui n’a effectivement rien demandé. Je pense qu’il faut arrêter d’être idéaliste et plutôt être lucides sur la vie. La vie c’est avant tout une lutte permanente pour la survie : trouver un job suffisamment payé, ne pas le perdre, ne pas perdre son logement (sauf si on est riche ahah) même pour la classe moyenne avec bac + 5. C’est déjà bcp de pression pour une personne seule. La vie c’est ensuite essayer d’arracher des pti bouts de bonheur au milieu de tout ça en trouvant des gens qu’on aime vraiment, en faisant des choses qu’on aime vraiment. Mais en ayant aussi constamment peur de les perdre car oui, ça peut arriver. On essaie juste de pas y penser mais au fond de nous, on est tous pétris d’angoisse d’un chômage, d’une maladie, d’un accident, d’une agression etc. Pour moi ton analyse est la bonne objectivement : si on se soucie du bonheur de son enfant, alors on n’en fait pas. Mais en réalité, les gens veulent des enfants pour leur bonheur à eux, et ça passe en premier. Ce sont donc bien eux les hypocrites. Après ils vont venir te soûler qu’eux ils ont des responsabilités, ils sont fatigués, et bla bla : beh oui on t’a prévenu, élever un être incapable de subvenir à ses propres besoins même primaire et de se défendre dans un monde pareil c’est nettoyer les écuries d’Augiase, vider l’océan à la petite cuillère. Perso, à 40 ans, après avoir entendu ma vie entière, même de la bouche d’un psy, que je n’étais pas normale de ne pas être intéressée par les enfants (car vraiment comme toi c’était vraiment aucun intérêt, vous, faites comme vous voulez, si ça vous plait, aucun souci , mais moi non. Je préfère mon chien mes chevaux), vraiment il y a un moment où ces gens ce sont mis à vouloir me « guérir » de mon non désir d’enfants, ou à me dévaloriser comme une personne futile et irresponsable. A 35 ans ça a pris une tournure d’une violence … et même à 41 ans on me sert encore du « tu verras ». Euh, j’ai 41 ans les gars. A 6 ans, j’en avais pas envie, et 20 ans non plus, a 30 toujours pas, a 41 encore moins et surtout qu’avec le recul de ma vie j’en arrive à ce que tu dis dans ton point 3. Mes copines restent toutes dans des mariages toxiques avec des maris qu’elles aiment un jour et détestent le lendemain. Je suis sure que j ai eu une plus belle vie qu’elle en gardant ma liberté. Et je pense qu’aujourd’hui elles sont toutes jalouses mais ne peuvent pas l’admettre. Quant aux hommes, ceux là mêmes qui ont fait des enfants, ils me courent tous après car moi je n’ai pas subi les stigmates de la grossesse, j’ai l’air d’avoir 10 ans de moins que mon âge car j’ai su me préserver de ce qui les a vidé de leur vitalité. Mais perso, pour moi le couple ne peut être Qu avec une personne qui n’a pas d’enfant dans ses bagages : je n’en ai pas fait, ce n’est pas pour récupérer ceux des autres. Et je ne regrette vraiment rien de ce choix.
Eline
Eline

Je suis contente que ça te parle ! Il est clair que le désir d'enfant est pour soi-même, comme plein d'autres choses dans la vie et certains parents sont très clairs là-dessus. Dans mon entourage, mes ami-es parents n'ont pas cette hypocrisie dont tu parles, ils savent qu'ils ont fait un enfant pour répondre à leur propre envie, et je suis heureuse pour eux. La pression sociale que tu as subie n'est absolument pas normale, je suis vraiment désolée que tu vives ça (même après toutes ces années). J'espère que ce sera bientôt derrière toi et que les mentalités changeront surtout !
Aurélie
Aurélie

Je lis que tu avais 26 ans au moment de ton article donc il y a une bonne décennie entre les mentalités de générations que nous avons connues. Moi on m’a servi « quand tu trouveras le bon…tu verras ». A 37 ans j’ai rencontré LE bon, et j’étais terrifiée que mon corps se monte contre moi pour me coller un enfant tellement ces gens m’avaient collée l’idée que le désir de maternité était automatique. Et non, le désir n’est jamais venu ! Pour moi le bon, c’était qqun qui n’en voulait pas non plus et qui était même prêt à la vasectomie ;) D’ailleurs, même pour les hommes il y a des abus. J’ai lu il y a un an un article décrivant le parcours d’hommes entre 20 et 40 ans ayant consulté pour une vasectomie, convaincu de ne pas vouloir procréer. Ils rapportaient qu’on aurait tout fait pour les dissuader, le plus jeune n’ayant même pas été pris au sérieux. Ça m’avait marqué car ce jeune homme rapportait cette même sensation d’appropriation de son corps qu’une femme a qui on refuse un avortement. Et je m’étais dit que c’était vraiment top pour faire avancer les rapports hommes/femmes que les hommes connaissent ce genre de situation.., tout en me disant que c’était aussi malheureux qu’on ait à connaître de n’importe qui une situation où qqun croit mieux savoir que soi même ce qu’on veut pour son corps. Pour l’anecdote, à 30 ans j’ai vu un phlebologue pour trouble du retour veineux. Il m’a dit « ça va empirer avec votre première grossesse et quand vous serez vieille vous aurez des chevilles épaisses  », j’ai dit « ah bah je veux pas d’enfant ça tombe bien ». Sur mon dossier il a marqué qu’il faudra que je fasse retirer telle veine « après première grossesse », mais vraiment genre « oui oui parle toujours, tu l’auras ta grossesse ». Voilà, 10 ans plus tard, pas de grossesse et en + mes pb circulatoires ont entièrement disparu. Quand tu expliques aux gens que les enfants, exactement comme tu dis, ben ce sont juste des gens, tu leur veux pas de mal mais tu cours pas derrière non plus, juste tu fais pas cas. Que la puericulture pour toi ça présente pas d’intérêt, genre comme pour moi regarder le Tour de France à la télé, que quand tu vois leur bébé ben, ça te laisse froid … (bon moi un bébé je trouve pas ça mignon, par contre un chiot, un poulain :) ) alors qu’ils s’attendent à ce que tu leur dises que c’est la 8e merveille du monde et que tu le prennes dans tes bras … beh navrée, je n’ai pas la réaction attendue. J’ai dû briefer mes copines tout au long de ma vie, je préférais passer pour une autiste que me forcer ahah. Enfin, il y a encore du chemin à faire mais crois moi je suis loin d’être un cas isolé. Je suis née dans les années 80 et je pense qu’au cours de ces 40 dernières années, le no kids s’est vraiment affirmé. Une copine m’a dit « je respecte mais je ne comprends pas que tu n’aies pas le besoin de transmettre tes gènes » .. ben moi je comprends pas qu’on ait la prétention de vouloir faire perdurer ses gènes, je trouve ça très « Elevage animal », très primaire. Sincerement, après 40 ans d’expérience dans la vie et a beaucoup observer les gens sous tous les aspects de leur vie, j’en suis arrivée à me demander si il n’existait pas sur la planète des espèces de personnes différentes, ayant évolué différemment. Je ne parle pas de noir ou asiatiques, même parmi les blancs. Comme il y a les canidés, il y a la sous espèce des loups et celle des chiens. Ce ne serait même pas impossible car a un moment, 2 espèces d’hommes avec des origines différentes ont cohabité sur terre (néandertal et l’homme moderne, 2 espèces d’hommes avec des cerveaux, des comportements et des physiques différents).
Eline
Eline

Ahah le truc de vouloir transmettre ses gènes, c'est vrai que c'est bizarre ! Ça ne me viendrait pas à l'esprit. Je pense que la plupart des gens qui veulent des enfants ont simplement envie de vivre l'expérience de la parentalité, inutile d'aller chercher des raisons plus compliquées ahah ! C'est fou pour la vasectomie, c'est exactement pareil que pour la ligature des trompes, je pensais que les hommes étaient un peu plus pris au sérieux par le corps médical (mais d'un sens, temps mieux si on est dans le même bateau ahah). Au Québec c'est très différent, mon mari s'est fait vasectomié en 10 minutes, on ne lui a posé aucune question sur s'il avait déjà des enfants ou non. C'est son corps, son choix.
louise
louise

Bonsoir, quand les gens me demandent pourquoi je n'ai pas voulu d'enfant, je leur dis que je ne sais pas. Les vraies raisons ? Exactement les mêmes que la vôtre, c'est comme si c'était mon cerveau qui parlait dans votre texte. Contrairement à vous, moi, j'ai une face très joyeuse en apparence, mais aussi une face beaucoup plus triste. Par exemple, vu les très grandes souffrances que j'ai traversées, je pense que si on m'avait demandé si je voulais venir au monde ou pas, sans hésiter, j'aurais dit "un très grand non". Pour autant, je peux avoir des petits moments de plaisir et même de la joie. Quand je croise des familles à carrefour, ça ne me fait pas rêver du tout, ça me fait le contraire pourtant j'aime bien les enfants, mais je n'aime pas leur vie à ces familles, ça ne me donne pas envie. Là, j'aimerais rencontrer l'amour, et sur les sites type adopte un mec, il n'y a aucun filtre "sans enfant". Si je veux rencontrer un homme "sans enfant", je ne peux pas. Je trouve que c'est même incroyable, la société n'est pas faite pour nous. Pareil pour les amis, je trouve que j'ai du mal à me faire des amis dans une nouvelle ville. Pour le jugement des autres, on ne m'a jamais rien dit, soit les gens me critiquent dans mon dos, soient ils sentent que c'est pas une souffrance pour moi, de ne pas avoir d'enfant. Par contre, Éline, vous dites que votre soeur ne veut pas d'enfant non plus, si j'étais vos parents, ça m'interrogerait de me dire que deux de mes filles n'ont pas voulu reproduire notre schéma parental.
Eline
Eline

Merci beaucoup pour votre témoignage Louise ! Je suis contente que vous ayez pu trouver des mots qui vous parlent dans ce texte. C'est vrai que dans le contexte de rencontres amoureuses, ce n'est pas évident. On est "anormales", rien n'est prévu pour rencontrer des personnes sans enfant, alors que c'est un critère sur lequel il faut absolument être d'accord pour imaginer un avenir à deux. J'ai la chance d'avoir rencontré mon mari jeune, et cette réflexion est venue à deux heureusement. Mais j'ai des amies dans le même cas que vous et ce n'est pas facile le dating quand on est une femme qui ne veut pas d'enfant ! Pour ce qui est de mes parents, ce n'est pas du tout ça, je vous rassure 🥰 Ils sont les personnes les plus tendres et bienveillantes que je connaisse. Je leur ai déjà dit qu'ils avaient le droit d'être tristes de ne jamais devenir grands-parents, mais non, pour eux ce n'est pas du tout négatif. Ils comprennent parfaitement nos raisons. S'ils étaient de ma génération, je pense même qu'ils n'auraient peut-être pas eu d'enfant eux-mêmes !
Marie
Marie

L'article date un peu, mais c'est là première fois que je vois une raison proche de la mienne : ma vie me convient, mais je n'assume pas du tout le fait de mettre un être humain au monde alors qu'il n'a rien demandé. La vie n'est pas forcément rose, et je suis d'accord que ce n'est pas forcément un cadeau. Je me sens parfois très seule avec ce ressenti et personne qui pense la même chose autour de moi (ou même en ligne !). Alors ça fait du bien de savoir que d'autres personnes le pensent aussi !
Eline
Eline

Coucou Marie, c'est exactement pour cette raison que j'ai écrit cet article 🥺 Je ne me retrouvais pas dans la plupart des témoignages, alors je suis trop contente que tu sois tombée dessus !